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le temps de la nostalgie est un temps de questions
bonjour, comment allez-vous ?
je n'écris plus beaucoup. enfin si, toujours, mais pas forcément ici. j'avais amorcé un article sur le traitement des super-héroïnes après avoir regardé le (superbement réalisé) batman de matt reeves et sa catwoman sous l'effet d'un puissant male gaze. jamais terminé.
c'est un peu étrange comme période, la fin de lycée à l'effet pré-nostalgique, mêlée à mes prises de têtes habituelles, au stress ; dans mon cerveau c'est le joyeux bordel. et si je redoute les vacances qui arrivent pour toute l'énergie qu'elle vont solliciter, la période actuelle se révèle enrichissante pour moi. je fais beaucoup de musique avec mes ami-es, on parle de pleins de sujets existentiels. je ne suis déjà pas une personne très au clair avec soi, donc quand on s'y met à plusieurs ça peut durer de longs moments. mais ce sont de sympathiques moments. ceux où le temps passe très vite parce qu'on est tous très occupés à réaliser l'envergure de nos esprits et les fléaux de l'existence humaine. c'est fou de ne voir que des corps au lieu de voir des âmes ?
le temps de la nostalgie est un temps de questions "c'est difficile d'exprimer le sentiment d'être extérieur à soi, mais je pense que c'est en partie la raison pour laquelle je ne me vois pas être heureuse à long terme ou que je me pose beaucoup de questions dans la vie. et je pense qu'au fond c'est un peu indéfectible, j'ai toujours été quelqu'un d'un peu déprimé et c'est pas pour autant que je ne vis pas des choses heureuses. même si le lycée est parfois dur, tous vous rencontrer ça a été l'une si ce n'est la meilleure chose qui me soit arrivée, cette dernière année j'me suis jamais vue m'ouvrir autant, parler autant de ce que je ressens et ne pas m'en sentir coupable, faire des câlins aux gens et rire avec eux."
c'est l'extrait d'un message que j'ai envoyé à une amie après que l'on ait parlé des perspectives du futur, de la perception de la vie. j'ai des ami-es convaincu-es de ce qu'ils aiment, qui sont prêts à prendre le risque de faire ce qu'ils aiment. c'est marrant, on me prendrait peut-être pour un ovni à côté d'eux. je suis à l'inverse assez peureuxse des choses. j'ai toujours travaillé et essayé, qu'il s'agisse du domaine scolaire ou créatif, mais la peur de l'échec est un sentiment qui m'habite constamment. en ce sens, l'admiration que je voue à mon entourage ne date pas d'hier, et elle dénote une rupture entre les décisions qu'ils prennent et les miennes. il ne s'agit pas là de me comparer (ça n'aurait pas de sens fondé), mais plutôt d'expliquer ceci : j'ai pas l'impression que le bonheur existe. avec le temps, je me suis fait l'idée d'une vie qui se dégrade au fil de l'âge, de laquelle je vis mes meilleures années (qui ne sont déjà pas si folles que ça).
ce sont mes amis qui m'aident à relativiser ça ces temps-ci. de tous les défauts que je peux leur trouver par moments, je ne pourrai jamais leur enlever leur envie, leur audace et leur courage de poursuivre ce qu'ils veulent.
la philosophie j'ai beau essayer de la comprendre elle me paraît souvent hors-sol ; pourtant c'est de l'expérience que je me mets à comprendre le fondement de l'angoisse/crise existentielle. les possibles de la vie sont déroutants, le fait d'apprendre à se connaître et à choisir aussi. sartre disait dans huis-clos "l'enfer, c'est les autres". je crois que je suis encore dans l'enfer du jugement d'autrui. en fait, je ne suis pas sûr-e qu'il existe de réel détachement à ça. mais la perception de soi ne peut se détacher de la perception que les autres ont de soi. et parfois, elle fait mal. c'est aussi de là qu'est née cette forme de peur constante d'échouer ; au fond il s'agit tout autant la peur de décevoir les autres que de celle de ne pas pouvoir me regarder face à mon échec. on souffre à cause des autres, mais je crois qu'on souffre aussi à cause de soi.
le fait de ne pas pouvoir se voir, ni de pouvoir voir les autres est aussi étrange quand on le réalise. je veux dire, on se voit tous avec le visage le corps dont on a été doté-es, mais on se voit pas. on ne voit pas nos âmes, on ne voit pas nos pensées nos valeurs, celui constitue notre existence en tant qu'humain. on a qu'une idée physique d'autrui, et elle ne nous donne aucune indication. on peut sentir des auras, mais rien de visible.
claude cahun, écrivain-e et photographe surréaliste (1894-1953)"je ne pense pas que mon expérimentation du genre s’apparente à une forme de non-binarité puisque mon identité n’est pas caractéristique d’une fluidité. et je me reproduis et m’épanouis dans des schémas extrêmement cisnormés.
mais c’est super étrange d’apprendre à explorer sa féminité ou son genre plus globalement en dehors des codes cisgenres. la féminité ça a ce côté puissant et dangereux justement parce que ça n’a pas de limite.
la féminité dans son côté performatif est limitée et est fade. fade dans la mesure où elle est lassante, qu’elle n’attire que le même regard dénué d’ambition et dénué de saveur.
la féminité c’est un truc limite sauvage et vraiment libérateur quand on la considère hors des sentiers traditionnels, et il est tellement difficile d’en sortir que je n’ai jamais vraiment réussi à mettre les mots sur mon expérience faite du genre."
- mes notes, le 24 février 2022depuis quelque temps, il me semble de plus en plus compliqué de comprendre qui je suis. pas tant vis à vis d'où je vais (la question n'a jamais été vraiment répondue) mais ce que je ressens et ce que je veux exprimer de moi.
n'avez vous jamais eu l'impression d'arriver à la limite de votre expression de genre, d'être un être qui exprime la féminité dans la mesure où vous exprimez forcément cette idée d'être une Femme ? à partir du moment où j'ai commencé à considérer l'aliénation à laquelle je suis sujette, non seulement dans mes rapports aux autres mais au sein de mon organisme, de ce que j'aime profondément et de ce que j'exprime, il m'est devenu compliqué d'envisager mon expression et mon genre en général.
si je dis que je ne pense pas être non-binaire, c'est que je ne pense pas avoir le ressenti d'une personne dont son genre lui échappe ; il me semble que mon problème actuel trouve ses origines dans ma construction sous les codes cisnormés. de fait, il m'est inéluctablement difficile de dissocier mon expression de genre de mon genre lui-même.bref, parfois j'aimerais juste être une âme qui flotte à la surface.
marinka masseus, [dont] look at mej'aimerais bien faire quelque chose de ma vie. mais je ne suis pas sûre d'avoir réellement envie de vivre. ça ne veux pas dire que je veux mourir, simplement que le fait de vivre n'est pas une fin en soi, elle n'est pas un but. je ne pense pas. la vie m'a l'air d'une expérience avant toute autre chose, mais je n'ai pas l'impression qu'elle vaille être vécue. l'existence telle qu'elle est est riche, elle est forte et elle apprend à quiconque, et à toustes celleux derrière ellui. mais la vie est façonnée par les humains, et les humains ont empoisonné la vie. nos vies sont faites d'aliénations, d'exploitations propres à nos conditions individuelles. la diversité des identités est fascinante, le genre humain m'épatera toujours. il m'épatera non seulement dans la pluralité de son expression, mais aussi pour la révolte avec laquelle il s'affirmera toujours, malgré les tentatives de répression constantes. peu importe sous quel motif, sous quelle raison douteuse on nous apprend qu'une réalité est meilleure qu'une autre, l'humain est rayonnant dans toutes ses morphologies, toutes ses couleurs, toutes ses cultures, tout ses genres.
il est trois heures du mat à l'heure où j'écris, et nous sommes officiellement au second tour des élections présidentielles. une élections définitivement déprimante, en (quasi) tous points. la seule chose à laquelle je me raccroche dans ce pays, c'est au pôle populaire qui s'est constitué. je suis certes souvent égaré-e, mais je sais sur quel point ne le serai jamais ; je n'arrêterai jamais de faire ce qui est en mon pouvoir pour défendre la cause collective. l'humanité ne rime à rien sans la communauté, l'humain n'est rien sans l'autre. le vote d'aujourd'hui va en heurter beaucoup, car il faut sauver ce qu'il reste pour continuer de lutter. je crois que c'est l'une des choses qu'il me reste, la lutte et la colère. ma mère n'aime pas trop que je sois énervé-e. mais qu'est-ce que j'y peux. la jeunesse emmerde toujours le front national.
je pense faire partie des gens que la vie a égaré. ou bien m’être perdu.e dans la vie, c’est franchement difficile à dire.
le recul nécessaire à la réalisation qu’on ne vit son existence que depuis l’extérieur (une manière étrange que dire que les moments heureux ne nous semblent pas propres car jamais définitifs) nous pousse à une certaine forme d’altruisme. enfin, je ne suis pas sûr.e de la relation de causalité que j’avance. mais il me semble que l’abandon de sa propre existence comme vecteur de joie pousse à concevoir sa vie pour les ceux qui la souhaitent ; à défaut d’être heureux soi, on évite de condamner le bonheur des autres.
- mes notes, le 18 mars 2022il est bientôt quatre heures. c'est fou d'exister, non ? j'ai souvent essayé de m'imaginer autre chose que la vie comme moyen d'être présent. mais c'est étrange, ça semble impossible. ou il est sûrement très difficile d'étendre suffisamment son esprit pour envisager d'autres formes de présence. les esprits, les omniscients, eux aussi sont des formes de vies. tout vie, et tout est destiné à mourir. à part les divinités, pour les croyants. je crois qu'il y a quelque chose de rassurant dans l'idée que quelque chose persistera ; et en même temps c'est déroutant de se dire qu'il a précédé toute chose. c'est à dire qu'un dieu (si l'on y croit), ou les atomes ou l'univers, n'a pas de précédent parce que son existence est constante. le temps tel qu'on la conceptualisé ne nous permet pas de réaliser qu'une chose peut être constante. à notre échelle, tout périt. le temps est un repère, pas une variable absolue. je ne crois pas.
pourtant, il faut que j'aille dormir, car le temps continue et que j'y suis soumis-e, comme vous toustes. je dois commencer à réviser sérieusement demain, et même si ça ne m'enchante pas, ça fait partie des multiples choses auxquelles je suis résigné-e. mais j'essaye de me dire que la vie est belle. parce qu'au fond la vie est belle.
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