salut

c'est bientôt la rentrée. peut-être l'est-ce déjà pour vous. pas avant le dix-huit septembre pour moi, de quoi avoir une pré-panique existentielle en retour de vacances, pour bien débuter ma deuxième année d'études supérieures.

le fait d'être retournée ici, d'avoir tout juste regardé frances ha, et ma solitude de ces temps-ci m'ont conjointement poussé à écrire ce billet. car j'ai bientôt dix-neuf ans, que mes amis ont le permis et travaillent, pendant que j'ai même la flemme de regarder un film. pourtant la vie avance et je m'efforce de la faire aussi, tout en me demandant pourquoi est-ce que c'est ici que je reviens toujours ici, un endroit paumé d'internet même pas référencé sur google parce que nos blogs n'ont pas le protocole https.

quoi de beau ? pas grand chose, un état semi-léthargique depuis quelques semaines à regarder successivement des sitcoms et nana, sans la moindre volonté de faire quoique ce soit depuis que je suis rentrée de mes vacances. la rentrée approche après des mois de vacances sans rien faire de spécial, dont je ne tire que la culpabilité de ne m'être qu'amusée à défaut de réussir à obtenir un stage non-payé.

la phase de déprime pré-rentrée que je traverse est peut-être liée à ça ; à mon manque d'ambition. c'est un problème que je rencontre plus généralement. le fait d'accepter que je ne ferai jamais rien de grand, que je ne serai jamais quelqu'un de grand, que je ne ferai jamais grand chose ; et au fond le fait que je n'ai même pas envie de toutes ces choses. le fait que je n'aspire à rien de concret si ce n'est des choses trop concrètes (comme finir les rues du monopoly, mais je l'ai déjà fait). le fait que je n'ai jamais eu l'impression d'être une personne capable, et qu'au final si je vais mieux aujourd'hui qu'au lycée ce n'est pas parce que ce sentiment à disparu, mais parce que je me suis faite à l'idée.

c'est aussi pour ça que je n'achève jamais rien. je ne finis jamais les musiques que j'écris, je ne planifie jamais les tournages de vidéo que j'imagine. je ne réalise jamais toutes les résolutions auxquelles je souhaite me tenir sur une année. je n'ose pas m'inscrire à l'examen du code alors que je me suis entrainée. je ne fais rien sans contrainte extérieure - comme mes études - sans trop savoir pourquoi.
ça doit faire partie des raisons pour lesquelles je reviens ici ; c'est un endroit sans contrainte. ici je peux écrire un truc tous les ans que personne ne lira de toute façon en entier ; je peux créer des trucs et j'ai un espace large et libre pour le faire. et je n'y suis pas engagée, je n'ai pas la nécessité de m'y tenir. en plus j'aime bien revenir écrire du html et du css pour faire des thèmes sympas

messy desk and many bookshelves
reading out loud, but you’re by yourself 

my love is pure and fit for whoever wants it
and it wasn’t him

gave me one, two, three reasons to leave
lack of passion, is killing me

il faut croire que se sentir entouré∙e et se sentir seul∙e ne sont pas deux antonymes, ce sont des sensations qui peuvent coexister. je me sens entourée car j'ai des personnes sur qui compter, avec lesquelles sortir, des personnes que j'aime. je me sens seule car j'ai le sentiment de passer à côté de ma propre vie, comme si je flottais sauf que je ne flotte vraiment pas, comme si je ne pouvais pas rattraper le rythme peu importe à quel point je m'y efforçais. comme si je pouvais y mettre toute la volonté du monde, je ne trouverais pas une bonne raison d'être joyeuse de vivre ; pas que j'ai envie de mourir, mais juste que je n'ai pas d'envies. pas d'envies à long terme. j'ai l'impression d'aimer mon entourage mais de ne pas l'aimer correctement, et j'ai l'impression de faire de mon mieux tout en ayant la conviction persistante que ce ne sera jamais suffisant. et j'ai pas envie d'en parler, parce que c'est pas très clair dans ma tête, et parce que je ne parle plus beaucoup de mes problèmes, pas aux gens autour de moi. peut-être que je me rends juste seule. même ici je me sens seule, parce que je sais que tout le monde a avancé d'eklablog - et quelque part moi aussi ; mais je reviens toujours ici par occasion, par fois plus souvent que d'ordinaire, en me raccrochant à la seule activité que j'ai poursuivi pendant des années avec constance.
je crois avoir repris cette mauvaise habitude de vivre par procuration ; d'écouter les autres et de regarder les séries desquelles j'aime les personnages, comme si aimer les autres permettait de vivre au travers d'eux. je n'ai pas l'impression d'avoir la force de prendre ma propre vie en main.

je vais peut-être sortir demain, offrir son cadeau à un ami pour son anniversaire. c'est un cd gravé, avec dix huit musiques et un sens profond parce qu'il aime les choses qui ont un sens profond. j'espère qu'il aimera. l'association à laquelle j'appartiens va occuper un certain temps des deux semaines qu'il me reste avant la rentrée, mais j'espère aussi me remettre à sortir, à faire des trucs.
puis les cours reprendront et la routine aussi, je serai au moins trop occupée par le stress pour écrire des billets d'un ennui pareil, qui ressassent les mêmes frayeurs qu'il y a trois ans. c'est dingue de penser avancer puis de réaliser qu'on fait du surplace. dix-neuf ans, aucune perspective d'avenir et aucune volonté de changer ça. parce qu'au fond, ce ne serait que se créer des déceptions de plus.

prenez soin de vous

ana