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l'amour fougueux est surestimé... nan ?
the kissing booth 3 est sorti récemment ! youpi (non), ce film marquant la fin d'une trilogie des plus incroyables (non) signée netflix. et netflix s'en sort bien, avec ses programmes traitant d'amour — du moins sur sa rentabilité. la trilogiue the kissing booth tout comme le scandaleux 365 dni, les fifty shades racheté par la compagnie de streaming ; les histoires d'amour ardentes sont populaires, et c'est tant mieux pour vous ! mais je dois admettre avoir un petit souci avec tout ça.
netflix n'est pas le seul, on peut également penser au délicieux (non) after, chez amazon prime. et bien d'autres. en effet, l'essor de ces séries et films dépeignant des relations au mieux dérangeantes et au pire en tout point toxiques réussissent à convaincre le grand public. grâce à quoi ? leur fougue certaines et les scénaristes visiblement assez doués pour véhiculer un idéal assez perturbant et pourtant plaisant à l'oeil du grand public : celui que l'amour lorsqu'il est assez fort suffit à faire une relation.
quand je parle du grand public, ce n'est pas pour tenir un discours élitiste prônant le grand cinéma avant les MeRdEs qUE La gRaNdE dIStrIBUTioN nOus REfoURgE, j'essaye surtout de parler des programmes qui retiennent le plus l'attention des consommateurs de contenu, notamment en streaming (souvent en top 1 sur netflix à la sortie par exemple).
l'amour fougueux est surestimé... nan ? lorsque je parle d'amour fougueux, je parle d'une relation ou l'expression des sentiments se fait par des biais impétueux. il y a toujours une tension entretenue, une tension que le spectateur se surprend à adorer et qui explique l'amour que le grand public a pour ces programmes. notamment le public de young adult.
en effet, lorsqu'on est dans une tranche d'âge assez jeune de nos vies, on n'a qu'une faible idée de ce à quoi ressemble une relation durable et construite. l'industrie hollywoodienne l'a très bien compris en servant une flopée de films aux mécaniques amoureuses sensiblement pareilles, et qui continuent d'inlassablement plaire.mon problème avec les programmes type after, the kissing booth n'est pas tant qu'ils plaisent. aimez ce que vous voulez, ce n'est certainement pas à moi de vous faire la leçon sur ce que vous regardez. en réalité, mon propos n'a pas pour but de culpabiliser les goûts des audiences, encore moins lorsqu'il s'agit d'audiences globalement jeunes. je souhaite plutôt dénoncer la manière dont l'industrie du cinéma continue sans cesse de capitaliser sur une recette immorale qui ne vient que renforcer des stéréotypes sociétaux déjà bien encrés.
mais parlons d'exemples concrets.
the notebook est un drame romantique sorti en 2004. son score d'audience est d'environ 85% sur Rotten Tomatoes actuellement (je souligne que le score critique est plus bas, à 53%). le film suit Allie et Noah, deux jeunes qui (attention gros twist) tombent amoureux. mais avant ceci, ils se rencontrent à une fête foraine, où Noah menace de se suicider pour avoir un rendez-vous avec une Allie peu intéressée. vous vous en doutez bien, sa technique va fonctionner à merveille puisque les deux tourtereaux vont vivre une histoire rocambolesque, passant par Allie qui trompe son nouveau fiancé.
la rencontre du début permet donc de partir d'un point éloigné pour montrer une progression des plus émouvantes (non) vers leurs relation amoureuse, tandis que la tromperie d'Allie est (censée être) pardonnée facilement par le spectateur puisque c'est pour rejoindre l'amour de sa vie : Noah. il est facile pour un réalisateur de biaiser l'avis de son public, mais ça ne rend pas ce qu'il filme pour autant moral. je ne suis pas sûre d'avoir besoin de détailler pourquoi je trouve l'idée de culpabiliser quelqu'un avec sa mort pour un rendez-vous glauque et dérangeante. laisse-là tranquille, bon sang.
ce film recevra pas moins de 11 récompenses dans diverses cérémonies, qui témoignent de son attractivité en dépit de sa multitude de clichés et de comportements toxiques qui n'aident pas la narration à sortir du lot.Never quite escapes the been-there-done-that feeling of Hollywood romantic cliché with sunny photography and perfectly tailored costumes to boot.
Matthew Lucas, The Dispatchencore une fois, je ne suis pas là pour vous dire qui et quoi aimer. il est possible quethe notebook ait conquis votre cœur, j'ai pleuré à la fin parce que les vieux sont ma corde sensible. le fait est que ce type de programmes marchent, et pas qu'un peu, en véhiculant les mêmes messages encore et encore jusqu'à ce que ça devienne normal voire attirant dans nos têtes. un garçon qui me surveille jour et nuit parce qu'il tient à moi et souhaite me protéger ? si charmant. merci twilight (je sais que twilight est la saga de notre enfance/adolescence .. mais un peu de lucidité s'il vous plaît).
tw sur ce paragraphe // mention de violences sexuelles, violence
malheureusement, on peut arriver à des exemples qui font bien moins rire, comme 365 dni. si vous ne l'avez pas vu passer, ce film est à propos d'un homme qui kidnappe une femme qu'il observe depuis un bon bout de temps, et lui donne une année pour tomber amoureuse de lui. à votre avis, que se passe-t-il ? bravo, vous avez deviné. malgré sa glorification d'actes littéralement CRIMINELS (kidnapping et violences sexuelles), ce film a engrangé un certain nombre de vues, et deux autres films sont prévus pour en faire une trilogie.c'est de cela dont je parle : commencer par aimer des films plutôt innocents avec deux-trois red flags comme the notebook ou the kissing booth, pour en arriver à des films qui traitent extrêmement mal de sujets tels que le bdsm (bonjour fifty shades), ou encore des films qui glorifient les violences sexuelles et les relations abusives.
les appeler des plaisirs coupables ne minimise pas leur contenu. je comprends pourquoi c'est un plaisir coupable, mais ça ne devrait pas l'être. regarder un homme être surprotecteur avec une femme, regarder deux amants se battre sans arrêt pour se réconcilier en ayant des rapports sexuels.. tout cela rentre dans notre esprit, pour former un idéal de l'amour qu'on a de plus en plus de mal à détacher de la réalité. le plaisir coupable n'est qu'un mot qui révèle que les dynamiques que ces films illustrent des idéaux voire des fantasmes, mais personne ne mérite ça. personne ne mérite d'être aimé "si fort" que c'est un amour violent. ce n'est pas ça la fougue. et si ça l'est, ça n'a rien à envier.
il me semble que cette ardeur est également liée à l'hétérocentrisme de ces programmes. on ne retrouve pas ces caractéristiques à ce niveau de toxicité dans les programmes comprenant des protagonistes lgbt+ (je n'ai pas trouvé de contre-exemple du moins). et plus que ça, la toxicité de ces relations ne sera jamais romantisée comme elle l'est dans les romances hétérosexuelles mainstream. pourquoi me direz-vous ? à cause des stéréotypes de genre.
un public hétérocentré va attendre du programme qu'il regarde qu'il remplisse ses idéaux, et lorsqu'il s'agit d'un film de romance, les critères suivants :- un homme "viril", grand (du moins plus grand que sa partenaire), sombre et mystérieux, impulsif voire violent
- une femme qui sait se montrer forte mais qui au fond est vulnérable
je ne dis pas que l'entièreté du public hétérosexuel a les mêmes attentes, mais que l'hétérosexualité appuie les stéréotypes genrés. et qu'un public qui n'est pas éduqué sur la question a des attentes inconsciemment construites sur ces idéaux.
la raison pour laquelle ces relations ne sont donc pas illustrées de la sorte dans les programmes lgbt+ friendly (ou beaucoup moins) est que les relations queer sont dépeintes d'un œil déjà déconstruit puisque déjà hors des normes hétérosexuelles. je ne parle pas nécessairement d'une reconstruction complète puisque dieu sait combien de programmes comportent des relations queers et ne brillent pas pour autant, mais je pense que mon argument est compréhensible.
on peut constater aux passages que les films dont je traite depuis le début comportent souvent des relations lgbt+ superficielles et remplissant uniquement une fonction "diversité" au sein du programme. que ce soit fétichiser des lesbiennes dans after ou pull up une histoire d'amour sortie de nulle part dans tkb, on est servis.mon idée de l'amour a longtemps été façonnée comme ça : une tension constante avec un mec bien hétéro et bien fier, la passion constante et aucune maladresse. mon regard là-dessus a radicalement changé depuis que j'ai découvert le gente masculine en réalité, et que j'ai appris à déconstruire ma perception des choses selon les standards. les histoires d'amour maladroites et mignonnes ont toujours été meilleures, et vu que j'écris cet article je décrète que j'ai raison.
je ne me suis limitée qu'à quelques exemples plutôt récents dans mon propos, mais nous aurions pu citer la relation blair-chuck qui fait la quasi-uninanimité dans la fanbase gossip girl, entre autres. les films romantiques, qu'ils soient des comédies ou des drames ne sont pas à jeter pour autant. il en existe une multitude qui sont formidables, et devenue culte à juste titre. vous trouverez bien évidemment des films adolescents qui ne font pas l'apologie de relations toxiques et qui se contentent de tisser des liens entre deux personnes de manière mignonne et émouvante. et peut-être que les dramas en tous genres des romances mainstream de nos jours manqueront à certains, je ne vous juge pas pour cela. sachez juste où vous arrêter, car il n'y a rien d'enviable à de la toxicité édulcorée par les beaux yeux d'un casting hollywoodien.
je retourne regarder ocean's 8 car j'adore les femmes, mais ce fut un plaisir. prenez soin de vous.
ana
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Commentaires
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365 jours, cette série de film omg. je les ai vu, mais certainement pas pour le scénario qui est tout pété à mon sens
après faut se dire que le cinéma nous pond de telles histoires pour vendre. ça n'intéresserait peut-être pas autant de monde s'il n'y avait pas de rebondissement, même si je suis clairement d'accord que ça biaise la perception des relations amoureuses, surtout chez les plus jeunes qui ont peu d'expérience...
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Jeudi 3 Novembre 2022 à 22:16
y a clairement un idéal romantique dont les films se font la vitrine, qui n'est même pas souhaitable au fond ! et c'est dommage parce que ça floute la diversité des relations et des sentiments qui existent. un couple c'est pas que de l'affection phyisque, pas que de l'intensité à en crever (voire pas du tout). tes angoisses sont compréhensibles et légitimes, et clairement la vie n'est pas une production netflix (et franchement heureusement)
le problème de la rentabilité il y a vraiment empoisonné la créativité dans l'audiovisuel. c'est aussi pour ça qu'on se retrouve avec des recettes toute faites et à peine remixées dans chaque productions ; ça renforce l'idée qu'il y a des cadres pré-conçus à l'amour et aux relations, alors que c'est faux. et si on en est conscient.e.s, c'est qu'on a déjà fait un pas en avant (:
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Je ne sais pas vraiment pourquoi je commente, peut-être parce que cet article j'ai rêvé de l'écrire (un jour quand mon blog ouvrira, mais ça c'est encore une autre histoire) mais j'en avais envie, alors pourquoi pas.
Déjà, AMENO, quelqu'un qui, s'il a regardé ces programmes de gré ou de force, souligne le haut level de toxicité de ces oeuvres (même si ce terme me fait sincèrement mal au coeur, bonjour l’élitisme des études de lettres). N'étant pas concerné-e par l'hétérocentrisme et la binarité de ces films ou séries, je les ai toujours regardé pour ce " plaisir coupable " de critiquer (on est tous humain après tout) entre ami-e-s (ça en devient presque cathartique) et j'ai un mal fou à comprendre ce que l'on pourrait envier de ce genre de relation qui sont tous font épanouissantes (ce qui selon moi devrait être le point d'honneur de quelconque relation, qu'elle soit amicale, romantique, etc).
Je ne parlerais pas de 365 dni vu toutes les horreurs que ça dépeints entre cet amour toxique et cette tendance qui m'irrite au plus haut point de la romantisation des organisations criminelles (je comprends le fantasme, mais à un moment la réalité historique est là et assez destructrice pour que le sujet soit pris avec des pincettes), ni des fifty shades dont j'ai acheté les livres (un grand sage a dit un jour que si ces livres ont été des best sellers, tout auteur pourrait en écrire (et bingo, l'auteur-ice que je veux devenir n'a pu s'empêcher de s'y pencher avec tout son égocentrisme et son besoin de se rassurer), et encore moins de After qui ne m'a même pas un peu diverti-e tant il était plat et insipide (merci wattpad).
J'ai surtout l'impression que les relations romantiques (dans les grands programmes mainstreams) ne sont jamais très reluisante, et ceux depuis des années et des siècles. Je parle de ma maigre expérience étudiante, mais les clichés sur lesquels reposent notamment les relations hétérosexuelles sont si vieilles que je me demande parfois si elles réussiront à être totalement déconstruites. Réflexion navrante et peut-être un peu pessimiste mais qui ne me semble pas si éloigné d'une certaine réalité.
En sommes, je ne vois pas le problème de ce genre de programme en tant que tel, on est bien libre d'aimer ce que l'on veut, mais c'est bien, selon moi, la construction autour qui est problématique (après tout beaucoup d'oeuvres parlent de sujet divers et pas toujours très glorieux ou applicables à la réalité et ne sont pourtant pas aussi nauséabond que les productions netflix que tu peux citer). Faudra encore beaucoup de force et de courage pour déconstruire et se sortir de ce cadre homme fort/femme fragile et passion amoureuse destructrice pour en faire une histoire à part entière, et non pas la norme (et encore, je parle alors que je ne suis concerné-e que pour ce que j'écris, ma légitimité en prends un coup haha).
(message écrit en plein cours, il se peut qu'il ne soit pas très cohérent ou logique mais j'avais envie d'en écrire un depuis la sortie, alors pourquoi pas).
hatewatch ces programmes est sûrement la manière la plus amusante de les regarder pour pallier à leur creux ahah. j'ai également mis du temps à comprendre l'attractivité de ces films jusqu'à entendre certain.e.s de mes ami.e.s en parler comme leur petit péché mignon. ça me fait rire et en même temps je suis un peu triste.. comme tu le dis chacun aime ce qu'il veut et ce n'est pas non plus tant ce qui me dérange avec cette catégorie de programmes. mais le fait est que le public de ces films ne se rend pas compte qu'il se renforce des attentes relationnelles irréalistes voire dangereuses, et inconsciemment.
la culture cinématographique (comme tout art) renforce nécessairement les idéaux qu'on se construit (c'est d'ailleurs pour cela que l'industrie hollywoodienne choisit souvent des méchants d'origines diverses pour malmener les gentils étasuniens, bonjour le soft power et les cours de géopolitique). donc lorsqu'on est déjà dans le prisme de la binarité et de l'hétérosexualité, il semble très facile de tomber dans ces idéaux sans se rendre vraiment compte.
je suis d'accord avec toi, à vrai dire. parfois j'ai de l'espoir car je traîne trop sur twitter et que ma tl me correspond, mais après je sors voir à quoi notre réalité ressemble et je me rends compte que les standards liés à l'hétérosexualité et aux idéaux de genre sont bien loin d'être déconstruits. car tout le monde y trouve son petit confort, tellement qu'on ne se rend même plus compte que c'est confortable, parce que c'est juste normal. un peu d'espoir fait toujours vivre, mais j'en attends pas beaucoup non plus.
la construction de ces programmes est définitivement l'aspect problématique. il est vrai que je peux penser à des milliers (j'exagère à peine) de programmes traitant de sujets graves mais en l'exécutant de la bonne manière ; il y a conscientiser, puis il y a glorifier. malheureusement, il est facile de conclure dans quelle case se trouvent les films dont l'article fait objet, puisqu'ils offrent toujours une fin conciliante pour deux protagonistes qui se sont détruits pendant une heure et demie. remboursez-moi.
ravie que le sujet t'aies intéressé.e, j'espère voir cet article sur ton blog le jour où il ouvrira !!